En mémoire d’une rencontre prévue et que le destin a empêchée, l’artiste Philippe Fourcadier a réalisé une série photographique dédiées à Christophe qui seront présentées dans une exposition qui s’intitule « CHRISTOPHE L’HOMME de Tanger » en hommage au chanteur français Christophe qui avait élu domicile dans la médina pendant quelques années. Celui-ci est malheureusement décédé en 2020, cette exposition lui rend hommage chez « No Border » du 2 au 30 juin.
C’était il y a deux ans durant un magnifique printemps dont seul Tanger a le secret.
Je déambulais dans la médina sans aucun but précis sinon à la recherche perpétuelle d’ombres profondes, de lumières éblouissantes, d’odeurs puissantes qui enveloppent ce quartier aux mille ruelles. J’appris par une connaissance commune que Christophe le chanteur habitait une maison quelque part dans cet enchevêtrement de constructions contiguës où la blancheur des façades s’opposent aux graffitis abstraits et où les chats règnent en maîtres des lieux.
Une rencontre était envisagée. Cela ne se fit pas.
Le destin s’en était mêlé. Nous n’avions pu prendre ensemble un thé, un café sur une des terrasses du Café Hafa surplombant la Méditerranée où nous aurions évoqué le temps qui passe, les projets à venir.
À la nouvelle de son décès mon esprit s’est envolé vers Tanger et sa médina. J’ai alors imaginé une déambulation commune dans cet environnement maintes fois arpenté, photographié, qu’il devait lui aussi bien connaître, dans la permanence du scintillement du détroit et des côtes espagnoles que l’on discerne dans la brume, et la musique qui s’instille peu à peu… Puis, bercé par le ressac continu que l’on perçoit de Bab el Bhar, de l’appel à la prière du muezzin, d’un coq solitaire qui s’éveille au petit jour, j’ai compris que nous avions une histoire partagée, la perception commune d’un lieu mythique. Je détenais aujourd’hui les odeurs, les graffitis abstraits, les images de muses et d’un piano, des moments hors du temps, comme suspendues… Il restait maintenant à rendre visible ce que j’avais viscéralement ressenti, en hommage à cet homme que je n’ai pas connu.
Cette exposition lui est dédiée.