Entre ciel et eau, l’écho du Flou Quantique
L’exposition Flou Quantique de Stéphanie Malossane, présentée du 2 mai au 15 juin au NoBorder, a offert aux visiteurs un voyage sensible dans une géographie intérieure où le temps ne s’écoule pas, mais se superpose. Dans l’espace de la galerie, se sont mêlées huiles, photographies historiques et contemporaines, petites sculptures, installations et vidéo, toutes articulées autour d’un thème central : celui des temps superposés, du flou, de la lumière, de ce qui est visible et invisible.
Stéphanie Malossane, artiste plasticienne formée à Paris, à l’école Duperré, puis à Londres au prestigieux Central Saint Martins, possède depuis les années 1990 un parcours façonné par les croisements de techniques et les voyages. Ses premiers travaux en art textile, ses panneaux textiles et ses impressions semi-abstraites mêlant peinture, sérigraphie et procédés photographiques anciens, l’ont fait remarquer sur la scène londonienne et au-delà. Après des expériences artistiques marquantes, notamment un tournant décisif suite à plusieurs voyages au Japon, elle s’oriente vers une combinaison plus riche et plus hybridée de médias, intégrant la photographie alternative, l’image historique et la peinture, jouant sur la forme et le support. Elle vit un long séjour en Bretagne, où naissent ses séries telles que Sea Blur, ses toiles phosphorescentes rondes Lunes, ses voiles superposées, et développe une approche contemplative du paysage, de la mémoire et de la lumière.
Avec Flou Quantique, Stéphanie affirmait un moment charnière dans son œuvre, où la variété des supports se met au service d’une cohésion thématique : ce flou qui n’est pas simple absence de netteté, mais espace de rencontre entre les temps, entre le visible et l’invisible, entre la mémoire des formes et leur effacement. Les œuvres circulaires, phosphorescentes dans l’obscurité, étaient là pour rappeler que la lumière change selon l’heure, que l’image se transforme selon l’environnement lumineux. Les installations vidéo et les petites sculptures complétaient le dispositif, accentuant ce sentiment d’instabilité douce, de suspension. Le visiteur ne se contente pas de regarder ; il entre dans un espace mobile, oscillant, où chaque pièce semble dialoguer avec l’autre, où les matériaux – toile, voile, photographie imprimée, pigments, phosphorescence – composent une partition visuelle.
Cette exposition était aussi une invitation à la méditation : contempler le flou, accepter l’indétermination, se laisser porter par le mouvement non linéaire du temps. Les œuvres d’âme, comme Stéphanie aime les nommer, ne livrent pas d’explications claires, mais suscitent une émotion, une réflexion intérieure sur ce qui rend une œuvre vivante, comment elle peut nous accompagner au-jour au-jour, dans la lumière comme dans l’ombre. Flou Quantique a donc été un moment suspendu, où l’espace du NoBorder a fait de l’entre-deux un jardin de flamme douce, de lumière diffuse, et d’images qui habitent.
Plus qu’une simple exposition personnelle, Flou Quantique a rappelé le chemin parcouru par Stéphanie : de ses premières œuvres textiles à ses explorations du médium photographique et pictural superposé, des voiles suspendus aux toiles rondes, des voyages et séjours (notamment en Bretagne, au Japon, dans des cadres où l’eau, le ciel, la lumière sont maîtres) à sa résidence désormais à Paris. Dans ce contexte, l’exposition au NoBorder s’inscrit comme une étape significative de sa recherche artistique : un endroit où le visible cède la place à l’éphémère, à la nuance, à ce qui se dissout pour mieux révéler.
